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Harvard privée d’étudiants étrangers : 1 138 Ivoiriens directement concernés

Mis à jour le 23 mai 2025
Publié le 23/05/2025 à 12:14 , , , ,

« La certification du programme SEVIS de l’université Harvard est révoquée avec effet immédiat ».

Par ce communiqué, le Département américain de la Sécurité intérieure a annoncé, ce jeudi 22 mai 2025, une décision aux répercussions mondiales.

Harvard, l’université la plus prestigieuse des États-Unis, ne pourra plus accueillir d’étudiants internationaux titulaires d’un visa F (étudiant) ou J (échange universitaire) dès la rentrée 2025-2026.

Ce qui veut dire que les étudiants étrangers ne pourront plus s’y inscrire. Ceux qui y sont déjà devront se relocaliser… ou rentrer dans leur pays.

Parmi eux, 1 138 jeunes Ivoiriens, dont le rêve américain est brutalement interrompu.

Pourquoi cette décision ?

Selon la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, l’université américaine serait accusée d’avoir « permis à des agitateurs anti américains et pro terroristes d’agresser des étudiants juifs sur son campus », tout en entretenant un climat qualifié d’ hostile » à travers ses politiques de diversité, jugées « racistes » par Washington.

Le gouvernement Trump accuse également l’université de refuser de coopérer avec les autorités, et évoque des liens supposés avec le Parti communiste chinois.

Pourtant, aucune preuve tangible n’a été rendue publique à ce jour.

Une attaque contre un symbole… et contre des milliers de jeunes Africains

Fondée en 1636, Harvard n’est pas une université comme les autres.

Elle est l’incarnation de l’élite mondiale, celle qui a vu passer Barack Obama, Mark Zuckerberg ou encore Ban Ki-moon.

C’est aussi la première à avoir lancé un MBA (Master of Business Administration), diplôme de haut niveau en gestion d’entreprise, devenu un sésame planétaire.

Sur les 25 000 étudiants de Harvard, près de 6 800 sont étrangers, soit 27 % des effectifs. Et l’Afrique y est de plus en plus représentée.

Selon le classement d’African Exponent basé sur les données Open Doors, 56 780 étudiants d’Afrique subsaharienne étaient inscrits dans des universités américaines en 2023-2024. Parmi eux, entre 30 % et 40 % ont rejoint Harvard.

La Côte d’Ivoire compte 1 138 étudiants à Harvard, aux côtés du Nigéria (20 029), du Ghana (9 394), du Kenya, de l’Éthiopie ou encore de l’Ouganda. Les Nigérians représentent à eux seuls près d’un quart des étudiants noirs de la Harvard Business School.

Pour ces jeunes Africains, cette décision n’est pas qu’un bras de fer politique. C’est une cassure. Beaucoup avaient mis toutes leurs économies, obtenu des bourses, quitté leurs familles pour intégrer Harvard. Aujourd’hui, leur avenir est incertain.

Harvard dénonce une action « illégale et punitive » qui met en péril sa mission d’enseignement et de recherche.

L’université avait déjà subi une suspension de 2,2 milliards de dollars (environ 1 364 milliards de francs CFA) de subventions fédérales ces dernières semaines, sur fond de tensions avec l’administration Trump.

Et maintenant ?

Les conséquences sont majeures : plus aucune nouvelle inscription étrangère ne sera acceptée, les étudiants déjà présents devront trouver une autre université ou quitter le territoire. Pire, d’autres universités pourraient être visées.

À travers cette décision, l’Amérique de Trump s’en prend à un symbole de liberté académique et d’ouverture internationale. Mais derrière ce geste politique, ce sont des milliers de rêves, notamment africains, qui vacillent. En Côte d’Ivoire, 1 138 jeunes voient aujourd’hui leur avenir suspendu à une décision qui les dépasse, mais qui change tout.

Eirena Etté

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